Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/206

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et par la vertu du Christ, persévéra dans la foi catholique.

Le roi Chilpéric, qui avait déjà plusieurs femmes, voyant ce mariage, demanda Galsuinthe, sœur de Brunehault, promettant, par ses envoyés, que s’il pouvait obtenir une femme égale à lui et de race royale, il délaisserait toutes les autres. Le père reçut ses promesses, et lui envoya sa fille, comme il avait envoyé l’autre, avec de grandes richesses. Galsuinthe était plus âgée que Brunehault : lorsqu’elle arriva vers le roi Chilpéric, il la reçut avec grand honneur ; et la prit en mariage. Il l’aimait d’un très grand amour, et avait reçu d’elle de très grands trésors ; mais il s’éleva entre eux beaucoup de bruit pour l’amour de Frédégonde qu’il avait eue auparavant comme maîtresse. Galsuinthe avait été convertie à la foi catholique, et avait reçu le saint chrême. Elle se plaignait de recevoir du roi des outrages continuels, et disait qu’elle vivait prés de lui sans honneur. Elle demanda donc qu’il lui permit de retourner dans son pays ; lui laissant tous les trésors qu’elle lui avait apportés. Celui-ci, dissimulant avec adresse, l’apaisa par des paroles de douceur ; mais enfin il ordonna à un domestique de l’étrangler, et on la trouva morte dans son lit. Après sa mort, Dieu produisit par elle un grand miracle, car une lampe qui brûlait devant son sépulcre, suspendue à une corde, tomba sur le pavé, la corde s’étant rompue sans que personne y touchât ; en même temps la dureté du pavé disparaissant à ce contact, la lampe s’enfonça tellement dans cette matière amollie, qu’elle y fut à moitié ensevelie sans se briser aucunement, ce qu’on ne put voir sans y reconnaître un grand miracle.