Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/367

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Elle choisit un certain Maurice [Mauricius], disant : « C’est un homme actif et habile ; il a souvent combattu les ennemis de la république et a obtenu la victoire. » Ce qu’elle disait, afin qu’après la mort de Tibère, Maurice s’unît à elle en mariage. Mais Tibère, instruit, du choix qu’avait fait l’impératrice, donna ordre de parer sa fille des ornements impériaux ; et ayant fait appeler Maurice, il lui dit : « Voilà que, par le consentement de l’impératrice Sophie, tu viens d’être nommé à l’Empire. Pour t’y affermir, je te donne ma fille. » La jeune fille étant arrivée, son père la remit à Maurice, en lui disant : « Reçois mon empire avec cette jeune fille ; règne heureusement, et n’oublie jamais l’amour de la justice et de l’équité. » Maurice ayant reçu la jeune fille, la conduisit à sa maison ; on célébra la cérémonie du mariage, puis Tibère mourut. Après les vacances d’usage, Maurice, couvert du diadème et de la pourpre, se rendit au Cirque où il fut salué des acclamations du peuple, lui distribua des présents, et fut confirmé dans la possession de l’Empire.

Le roi Chilpéric reçut ensuite des envoyés de son neveu Childebert, à la tête desquels était Ægidius évêque de Reims. Introduits auprès du roi, lorsqu’on leur eut permis de parler, ils dirent : « Ton neveu notre seigneur te demande à tout prix de conserver l’alliance que tu as faite avec lui ; il ne peut avoir de paix avec ton frère qui, après la mort de son père, lui a enlevé une partie de Marseille, retient les fugitifs de son royaume, et refuse de les lui remettre entre les mains. Ton neveu Childebert veut donc conserver entière l’affection qui est maintenant entre