Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans tous les systèmes. Vous voyez déjà que tous les éléments de notre civilisation ont également voulu se l’approprier. Entrez plus avant dans l’histoire de l’Europe ; vous verrez les formes sociales, les gouvernements les plus divers, également en possession de ce caractère de la légitimité. Les aristocraties et les démocraties italiennes ou suisses, la république de Saint-Marin, comme les plus grandes monarchies de l’Europe, se sont dites, et ont été tenues pour légitimes ; les unes, tout comme les autres, ont fondé sur l’ancienneté de leurs institutions, sur la priorité historique et la perpétuité de leur système de gouvernement, leur prétention à la légitimité.

Si vous sortez de l’Europe moderne, si vous portez vos regards dans d’autres temps, sur d’autres pays, vous rencontrez partout cette idée de la légitimité politique ; vous la trouvez s’attachant partout à quelque portion du Gouvernement, à quelque institution, à quelque forme, à quelque maxime. Aucun pays, aucun temps où il n’y ait une certaine portion du système social, des pouvoirs publics, qui ne se soit donné, et à laquelle on n’ait reconnu ce caractère de la légitimité venant de l’ancienneté, de la durée.

Quel est ce principe ? quels en sont les éléments ? que veut-il dire ? comment s’est-il introduit dans la civilisation européenne ?

À l’origine de tous les pouvoirs, je dis de tous indistinctement, on rencontre la force ; non pas que je veuille dire que la force seule les a tous fondés, et que, s’ils n’avaient eu, à leur origine, d’autre titre que la force, ils se seraient établis. Evidemment il en