Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/105

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d’Italie, comme dans la monarchie. C’est un caractère répandu sur les divers éléments de la civilisation moderne, et qu’il est nécessaire de bien comprendre en abordant son histoire.

Le second fait qui se révèle clairement dans la simultanéité des prétentions dont j’ai parlé en commençant, c’est le véritable caractère de l’époque dite barbare. Tous les éléments de la civilisation européenne prétendent qu’à cette époque ils possédaient l’Europe : donc, aucun d’eux n’y dominait. Quand une forme sociale domine dans le monde, il n’est pas si difficile de la reconnaître. En arrivant au dixième siècle, nous reconnaîtrons sans hésiter la prépondérance de la féodalité ; au dix-septième, nous n’hésiterons pas à affirmer que c’est le principe monarchique qui prévaut ; si nous regardons aux communes de Flandre, aux républiques italiennes, nous déclarerons sur-le-champ l’empire du principe démocratique. Quand il y a réellement un principe dominant dans la société, il n’y a pas moyen de s’y méprendre.

Le débat qui s’élève entre les divers systèmes qui se sont partagé la civilisation européenne, sur la question de savoir lequel y dominait à son origine, prouve donc qu’ils y coexistaient tous, sans qu’aucun prévalût assez généralement, assez sûrement, pour donner à la société sa forme et son nom.

Tel est, en effet, le caractère de l’époque barbare. C’est le chaos de tous les éléments, l’enfance de tous les systèmes., un pêle-mêle universel, où la lutte même n’était ni permanente, ni systématique. Je pourrais, en examinant sous toutes ses faces l’état social à cette époque, vous montrer qu’il est impossible