Aller au contenu

Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’y découvrir nulle part aucun fait, aucun principe un peu général, un peu établi. Je me bornerai à deux points essentiels : l’état des personnes, et l’état des institutions. C’en sera assez pour peindre la société tout entière.

On rencontre à cette époque quatre classes de personnes : 1º les hommes libres, c’est-à-dire ceux qui ne dépendaient d’aucun supérieur, d’aucun patron, possédaient leurs biens et gouvernaient leur vie en toute liberté, sans aucun lien qui les obligeât envers un autre homme ; 2º les Leudes, Fidèles, Anstrustions, etc., liés par une relation d’abord du compagnon au chef, puis du vassal au suzerain, à un autre homme envers qui, par suite d’une concession de terres, ou d’autres dons, ils avaient contracté l’obligation d’un service ; 3º les affranchis ; 4º les esclaves.

Ces classes diverses sont-elles fixes ? les hommes, une fois casés, dans leurs limites, y demeurent-ils ? les relations des diverses classes sont-elles un peu régulières, permanentes ? nullement. Vous voyez sans cesse des hommes libres qui sortent de leur situation pour se mettre au service de quelqu’un, reçoivent de lui un don quelconque, et passent dans la classe des Leudes ; d’autres qui tombent dans celle des esclaves. Ailleurs, des Leudes travaillent à se détacher de leur patron, à redevenir indépendants, à rentrer dans la classe des hommes libres. Partout un mouvement, un passage continuel d’une classe à l’autre ; une incertitude, une instabilité générale dans les rapports des classes ; aucun homme ne demeure dans sa situation ; aucune situation ne demeure la même.

Les propriétés sont dans le même état : vous savez