Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/117

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agi sur les Goths, et se les était jusqu’à un certain point assimilés. Le même fait se laisse entrevoir dans le midi de la Gaule. C’est au commencement du sixième siècle qu’un roi visigoth de Toulouse, Alaric, fait recueillir les lois romaines, et sous le nom de Breviarium Aniani, publie un code pour ses sujets romains.

En Espagne, c’est une autre force, celle de l’Église, qui essaie de recommencer la civilisation. Au lieu des anciennes assemblées germaines, des mâls de guerriers, l’assemblée qui prévaut en Espagne, c’est le Concile de Tolède ; et dans le Concile, quoique les laïques considérables s’y rendent, ce sont les évêques qui dominent. Ouvrez la loi des Visigoths ; ce n’est pas une loi barbare ; évidemment celle-ci est rédigée par les philosophes du temps, par le clergé. Elle abonde en idées générales, en théories, et en théories pleinement étrangères aux mœurs barbares. Ainsi, vous savez que la législation des Barbares était une législation personnelle ; c’est-à-dire, que la même loi ne s’appliquait qu’aux hommes de même race. La loi romaine gouvernait les Romains, la loi franque gouvernait les Francs ; chaque peuple avait sa loi, quoiqu’ils fussent réunis sous le même gouvernement, et habitassent le même territoire. C’est là ce qu’on appelle le système de la législation personnelle, par opposition au système de la législation réelle fondée sur le territoire. Eh bien ! la législation des Visigoths n’est point personnelle, elle est fondée sur le territoire. Tous les habitants de l’Espagne, Romains ou Visigoths, sont soumis à la même loi. Continuez votre lecture ; vous rencontrerez des traces de philosophie encore plus évidentes. Chez les Barbares, les hommes