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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/134

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Je passe à une seconde conséquence, grave aussi, et trop peu remarquée, le tour particulier de l’esprit de famille féodal.

Jetons un coup-d’œil sur les divers systèmes de famille ; prenons d’abord la famille patriarcale, dont la Bible et les monuments orientaux offrent le modèle. Elle est très nombreuse ; c’est la tribu. Le chef, le patriarche, y vit en commun avec ses enfants, ses proches, les diverses générations qui se sont réunies autour de lui, toute sa parenté, ses serviteurs ; et non-seulement il vit avec eux tous, mais il a les mêmes intérêts, les mêmes occupations ; il mène la même vie. N’est-ce pas là la situation d’Abraham, des patriarches, des chefs de tribus arabes qui reproduisent encore l’image de la vie patriarcale ?

Un autre système de famille se présente, le clan, petite société dont il faut chercher le type en Ecosse, en Irlande, et par laquelle probablement une grande portion du monde européen a passé. Ceci n’est plus la famille patriarcale. Il y a une grande diversité de situation entre le chef et le reste de la population ; il ne mène point la même vie ; la plupart cultivent et servent ; lui, il est oisif et guerrier. Mais leur origine est commune ; ils portent tous le même nom ; des rapports de parenté, d’anciennes traditions, les mêmes souvenirs, des affections pareilles établissent entre tous les membres du clan un lien moral, une sorte d’égalité.

Voilà les deux principaux types de la société de famille que présente l’histoire. Est-ce là, je vous le demande, la famille féodale ? Evidemment non. Il semble, au premier moment, qu’elle ait quelque