Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/140

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étroite enceinte. La population du fief n’est pas seule sur le territoire ; il y a d’autres sociétés, analogues ou différentes, avec lesquelles elle est en relation. Que devient-elle alors ? Quelle influence doit exercer sur la civilisation cette société générale à laquelle elle appartient ?

Une courte observation avant de répondre : il est vrai, le possesseur de fief et le prêtre appartenaient l’un et l’autre à une société générale ; ils avaient au loin de nombreuses et fréquentes relations. Il n’en était pas de même des colons, des serfs : toutes les fois que pour désigner la population des campagnes, à cette époque, on se sert d’un mot général et qui semble impliquer une seule et même société, du mot peuple par exemple, on parle sans vérité. Il n’y avait pour cette population point de société générale ; son existence était purement locale. Hors du territoire qu’ils habitaient, les colons n’avaient affaire à personne, ne tenaient à personne et à rien. Il n’y avait pour eux point de destinée commune, point de patrie commune ; ils ne formaient point un peuple. Quand on parle de l’association féodale dans son ensemble, c’est des seuls possesseurs de fiefs qu’il s’agit.

Voyons quels étaient les rapports de la petite société féodale avec la société générale dans laquelle elle était engagée, et quelles conséquences ces rapports ont dû amener dans le développement de la civilisation.

Vous savez tous, Messieurs, quels liens unissaient entre eux les possesseurs de fiefs, quelles relations étaient attachées à leurs propriétés, quelles étaient les obligations de service d’une part, de protection