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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/141

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de l’autre. Je n’entrerai pas dans le détail de ces obligations ; il me suffit que vous en ayez une idée générale. De là devaient nécessairement découler, dans l’âme de chaque possesseur de fief, un certain nombre d’idées et de sentiments moraux, des idées de devoir, des sentiments d’affection. Que le principe de la fidélité, du dévouement, de la loyauté aux engagements, et tous les sentiments qui s’y peuvent joindre, aient été développés, entretenus par les relations des possesseurs de fiefs entre eux, le fait est évident.

Ces obligations, ces devoirs, ces sentiments ont tenté de se convertir en droits et en institutions. Il n’y a personne qui ne sache que la féodalité a voulu régler légalement quels étaient les services que le possesseur du fief devait à son suzerain ; quels services réciproques il en pouvait attendre ; dans quels cas le vassal devait à son suzerain une aide militaire ou une aide d’argent ; dans quelles formes le suzerain devait obtenir le consentement de ses vassaux, pour les services auxquels ils n’étaient pas tenus envers lui par la seule possession de leurs fiefs. On essaya de mettre tous ces droits sous la garantie d’institutions qui avaient pour but d’en assurer le respect. Ainsi, les juridictions seigneuriales étaient destinées à rendre la justice entre les possesseurs de fiefs, sur les réclamations portées devant leur suzerain commun. Ainsi tout seigneur un peu considérable réunissait ses vassaux en Parlement, pour traiter avec eux des affaires qui exigeaient leur consentement ou leur concours. Il y avait, en un mot, un ensemble de moyens politiques, judiciaires, militaires, par lesquels on tentait