Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/142

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d’organiser le régime féodal, de convertir les relations des possesseurs de fiefs en droits et en institutions.

Mais à ces droits, à ces institutions, nulle réalité, nulle garantie.

Quand on se demande ce que c’est qu’une garantie politique, on est amené à reconnaître que son caractère fondamental, c’est la présence constante, au milieu de la société, d’une force en disposition et en état d’imposer une loi aux volontés et aux forces particulières, de leur faire observer la règle commune, respecter le droit général.

Il n’y a que deux systèmes possibles de garanties politiques : il faut ou une volonté, une force particulière tellement supérieure à toutes les autres, qu’aucune ne puisse lui résister, et qu’elles soient toutes obligées de se soumettre dès qu’elle intervient ; ou une force, une volonté publique, qui soit le résultat du concours, du développement de volontés particulières, et se trouve également en état, quand une fois elle est sortie de leur sein, de s’imposer à tous, de se faire respecter de tous.

Tels sont les deux seuls systèmes de garanties politiques possibles ; le despotisme d’un seul ou d’un corps, ou le gouvernement libre. Quand on passe les systèmes en revue, on trouve qu’ils rentrent tous sous l’un ou l’autre de ceux-là.

Eh bien ! Messieurs, ni l’un ni l’autre n’existait, ne pouvait exister dans le régime féodal.

Sans doute, les possesseurs de fiefs n’étaient pas tous égaux entre eux ; il y en avait de beaucoup plus puissants, et beaucoup d’assez puissants pour opprimer