Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/159

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commun. S’agit-il des préceptes qui s’associent aux doctrines ? une loi obligatoire pour un individu l’est pour tous ; il faut la promulguer, il faut amener tous les hommes sous son empire. Il en est de même des promesses que fait la religion au nom de ses croyances et de ses préceptes : il faut les répandre, il faut que tous soient appelés à en recueillir les fruits. Des éléments essentiels de la religion, vous voyez donc naître la société religieuse ; et elle en découle si infailliblement que le mot qui exprime le sentiment social le plus énergique, le besoin le plus impérieux de propager des idées, d’étendre une société, c’est le mot de prosélytisme, mot qui s’applique surtout aux croyances religieuses, et leur semble presque exclusivement consacré.

La société religieuse une fois née, quand un certain nombre d’hommes se sont réunis dans des croyances religieuses communes, sous la loi de préceptes religieux communs, dans des espérances religieuses communes, il leur faut un gouvernement. Il n’y a pas une société qui subsiste huit jours, que dis-je ? une heure, sans un gouvernement. À l’instant même où la société se forme, et par le seul fait de sa formation, elle appelle un gouvernement qui proclame la vérité commune, lien de la société, qui promulgue et maintienne les préceptes que cette vérité doit enfanter. La nécessité d’un pouvoir, d’un gouvernement de la société religieuse, comme de toute autre, est impliquée dans le fait de l’existence de la société. Et non-seulement le gouvernement est nécessaire, mais il se forme tout naturellement. Je ne puis m’arrêter longtemps à expliquer comment le