Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il y a, Messieurs, dans les institutions de l’Église un fait en général trop peu remarqué : c’est son système pénitentiaire, système d’autant plus curieux à étudier aujourd’hui qu’il est, quant aux principes et aux applications du droit pénal, presque complètement d’accord avec les idées de la philosophie moderne. Si vous étudiez la nature des peines de l’Église, des pénitences publiques qui étaient son principal mode de châtiment, vous verrez qu’elles ont surtout pour objet d’exciter dans l’âme du coupable le repentir ; dans celle des assistants, la terreur morale de l’exemple. Il y a bien une autre idée qui s’y mêle, une idée d’expiation. Je ne sais, en thèse générale, s’il est possible de séparer l’idée de l’expiation de celle de peine, et s’il n’y a pas dans toute peine, indépendamment du besoin de provoquer le repentir du coupable, et de détourner ceux qui pourraient être tentés de le devenir, un secret et impérieux besoin d’expier le tort commis. Mais, laissant de côté cette question, il est évident que le repentir et l’exemple sont le but que se propose l’Église dans tout son système pénitentiaire. N’est-ce pas là aussi, Messieurs, le but d’une législation vraiment philosophique ? N’est-ce pas au nom de ces principes que, dans le dernier siècle et de nos jours, les publicistes les plus éclairés ont réclamé la réforme de la législation pénale européenne ? Aussi, ouvrez leurs livres, ceux de M. Bentham, par exemple, vous serez étonnés de toutes les ressemblances que vous rencontrerez entre les moyens pénaux qu’ils proposent et ceux qu’employait l’Église. Ils ne les lui ont, à coup sûr, point empruntés ; et l’Église ne prévoyait guères