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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/202

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Le premier état dans lequel l’Église se montre au cinquième siècle, c’est l’état d’Église impériale, d’Église de l’Empire romain. Quand l’Empire romain est tombé, l’Église se croyait au terme de sa carrière, à son triomphe définitif. Elle avait enfin complètement vaincu le paganisme. Le dernier empereur qui ait pris la qualité de souverain pontife, dignité païenne, c’est l’empereur Gratien, mort à la fin du quatrième siècle. Gratien était encore appelé souverain pontife, comme Auguste et Tibère. L’Église se croyait également au bout de sa lutte contre les hérétiques, contre les Ariens surtout, la principale des hérésies du temps. L’empereur Théodose instituait contre eux, à la fin du quatrième siècle, une législation complète et rigoureuse. L’Église était donc en possession du gouvernement et de la victoire sur ses deux plus grands ennemis. C’est à ce moment qu’elle vit l’Empire romain lui manquer, et se trouva en présence d’autres païens, d’autres hérétiques, en présence des, Barbares, des Goths, des Vandales, des Bourguignons, des Francs. La chute était immense. Vous concevez sans peine qu’un vif attachement pour l’empire dut se conserver dans le sein de l’Église. Aussi la voit-on adhérer fortement à ce qui en reste, au régime municipal et au pouvoir absolu. Et quand elle a réussi à convertir les Barbares, elle essaie de ressusciter l’Empire ; elle s’adresse aux rois barbares, elle les conjure de se faire empereurs romains, de prendre tous les droits des empereurs voisins, d’entrer avec l’Église dans les mêmes relations où elle était avec l’Empire romain. C’est là le travail des évêques du cinquième et du sixième siècles. C’est l’état général de l’Église.