Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/213

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dans un état définitif, nous les avons vu naître, grandir, atteindre à leur maturité. Il n’en est pas de même pour les communes. C’est seulement à la fin de l’époque dont nous nous sommes occupés, dans les onzième et douzième siècles, qu’elles ont pris place dans l’histoire ; non qu’elles n’aient eu auparavant une histoire qui mérite d’être étudiée ; non qu’il n’y ait, bien avant cette époque, des traces de leur existence ; mais c’est seulement au onzième siècle qu’elles apparaissent clairement sur la grande scène du monde, et comme un élément important de la civilisation moderne. Ainsi pour le régime féodal de l’Église, du cinquième au douzième siècle, nous avons vu les effets se développer, naître des causes : toutes les fois que par voie d’induction de conjecture, nous avons déduit des principes certains résultats, nous avons pu les vérifier par l’examen des faits mêmes. Pour les communes, cette facilité nous manque ; nous assistons à leur berceau ; je ne puis guère aujourd’hui vous entretenir que des causes, des origines. Ce que je dirai sur les effets de l’existence des communes, sur leur influence dans le cours de la civilisation européenne, je le dirai en quelque sorte par voie de prédiction. Je ne pourrai invoquer le témoignage de faits contemporains et connus. C’est plus tard, du douzième au quinzième siècle, que nous verrons les communes prendre leur développement, l’institution porter tous ses fruits, et l’histoire prouver nos assertions. J’insiste, Messieurs, sur cette différence de situation, pour vous prévenir moi-même contre ce qu’il pourra y avoir d’incomplet et de prématuré dans le tableau que je vais vous offrir.