Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/217

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1789 ne fût, politiquement parlant, le descendant et l’héritier des communes du douzième siècle. Cette nation française si hautaine, si ambitieuse, qui élève ses prétentions si haut, qui proclame sa souveraineté avec tant d’éclat, qui prétend non-seulement se régénérer, se gouverner elle-même, mais gouverner et régénérer le monde, descend incontestablement de ces communes qui se révoltaient au douzième siècle, assez obscurément, quoiqu’avec beaucoup de courage, dans l’unique but d’échapper, dans quelques coins du territoire, à l’obscure tyrannie de quelques seigneurs.

A coup sûr, Messieurs, ce n’est pas dans l’état des communes au douzième siècle que nous trouverons l’explication d’une telle métamorphose ; elle s’est accomplie, elle a ses causes dans les événements qui se sont succédés du douzième au dix-huitième siècle ; c’est là que nous les rencontrerons en avançant. Cependant, Messieurs, l’origine du tiers-état a joué un grand rôle dans son histoire ; quoique nous n’y devions pas apprendre tout le secret de sa destinée, nous y en reconnaîtrons du moins le germe ; ce qu’il a été d’abord se retrouve dans ce qu’il est devenu, beaucoup plus même peut-être que ne le feraient présumer les apparences. Un tableau, même incomplet, de l’état des communes au douzième siècle vous en laissera, je crois, convaincus.

Pour bien connaître cet état, il faut considérer les communes sous deux points de vue principaux. Il y a là deux grandes questions à résoudre : la première, celle de l’affranchissement même des communes, la question de savoir comment la révolution s’est opérée,