Aller au contenu

Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

elles et leurs seigneurs, les villes s’insurgèrent de toutes parts.

Il est difficile d’assigner une date précise à l’événement. On dit en général que l’affranchissement des communes a commencé au onzième siècle ; mais dans tous les grands événements, que d’efforts inconnus et malheureux avant l’effort qui réussit ! En toutes choses, pour accomplir ses desseins, la Providence prodigue le courage, les vertus, les sacrifices, l’homme enfin, et c’est seulement après un nombre inconnu de travaux ignorés ou perdus en apparence, après qu’une foule de nobles cœurs ont succombé dans le découragement, convaincus que leur cause était perdue, c’est alors seulement que la cause triomphe. Il en est sans doute arrivé ainsi pour les communes. Nul doute que dans les huitième, neuvième et dixième siècles, il y eut beaucoup de tentatives de résistance, d’élans vers l’affranchissement, qui non seulement ne réussirent pas, mais dont la mémoire est restée sans gloire comme sans succès. A coup sûr cependant ces tentatives ont influé sur les événements postérieurs ; elles ont ranimé, entretenu l’esprit de liberté ; elles ont préparé la grande insurrection du onzième siècle.

Je dis insurrection, Messieurs, et à dessein. L’affranchissement des communes au onzième siècle a été le fruit d’une véritable insurrection, d’une véritable guerre, guerre déclarée par la population des villes à ses seigneurs. Le premier fait qu’on rencontre toujours dans de telles histoires, c’est la levée des bourgeois qui s’arment de tout ce qui se trouve sous leur main ; c’est l’expulsion des gens du seigneur qui