Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/227

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habitait avec sa femme. La maison était presque toujours flanquée d’une tour à l’angle, carrée le plus souvent ; encore un symptôme de guerre, un moyen de défense. Au second étage, une pièce dont l’emploi est incertain, mais qui servait probablement pour les enfants et le reste de la famille. Au-dessus, très souvent, une petite plate-forme, destinée évidemment à servir d’observatoire. Toute la construction de la maison rappelle la guerre. C’est le caractère évident, le véritable nom du mouvement qui a produit l’affranchissement des communes.

Quand la guerre a duré un certain temps, quelles que soient les puissances belligérantes, elle amène nécessairement la paix. Les traités de paix des communes et de leurs adversaires, ce sont les chartes. Les chartes communales, Messieurs, sont de purs traités de paix entre les bourgeois et leur seigneur.

L’insurrection fut générale. Quand je dis générale, ce n’est pas à dire qu’il y eut concert, coalition entre tous les bourgeois d’un pays ; pas le moins du monde. La situation des communes était partout à peu près la même ; elles se trouvaient à peu près toutes en proie au même danger, atteintes du même mal. Ayant acquis à peu près les mêmes moyens de résistance et de défense, elles les employèrent à peu près à la même époque. Ils se peut aussi que l’exemple y ait été pour quelque chose, que le succès d’une ou deux communes ait été contagieux. Les chartes paraissent quelquefois taillées sur le même patron ; celle de Noyon, par exemple, a servi le modèle à celles de Beauvais, de Saint-Quentin, etc. Je doute cependant que l’exemple ait agi autant qu’on le