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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/228

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suppose communément. Les communications étaient difficiles, rares, les ouï-dire vagues et passagers ; il y a lieu de croire que l’insurrection fut plutôt le résultat d’une même situation, et d’un mouvement spontané, général. Quand je dis général, je veux dire qu’il eut lieu presque partout, car ce ne fut point, je le répète, un mouvement unanime et concerté ; tout était particulier, local : chaque commune s’insurgeait pour son compte contre son seigneur ; tout se passait dans les localités.

Les vicissitudes de la lutte furent grandes. Non-seulement les succès étaient alternatifs ; mais même après que la paix semblait faite, après que la charte avait été jurée de part et d’autre, on la violait, on l’éludait de toutes façons. Les rois ont joué un grand rôle dans les alternatives de cette lutte. J’en parlerai avec détail quand je traiterai de la royauté elle-même. On a tantôt prôné, et peut-être trop haut, tantôt contesté, et je crois trop rabaissé, son influence dans le mouvement d’affranchissement communal. Je me borne à dire aujourd’hui qu’elle y est souvent intervenue, invoquée tantôt par les communes, tantôt par les seigneurs ; qu’elle a très souvent joué les rôles contraires ; qu’elle a agi tantôt d’après un principe, tantôt d’après un autre ; qu’elle a changé sans cesse d’intentions, de desseins, de conduite ; mais qu’à tout prendre, elle a beaucoup agi, et avec plus de bons que de mauvais effets.

Malgré toutes ces vicissitudes, malgré la continuelle violation des chartes, dans le douzième siècle, l’affranchissement des communes fut consommé. L’Europe, et particulièrement la France, qui avait