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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/229

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été pendant un siècle couverte d’insurrection, fut couverte de chartes ; elles étaient plus ou moins favorables ; les communes en jouissaient avec plus ou moins de sécurité ; mais enfin elles en jouissaient. Le fait prévalait et le droit était reconnu.

Essayons maintenant, Messieurs, de reconnaître les résultats immédiats de ce grand fait, et quels changements il apporta dans la situation des bourgeois au milieu de la société.

Et d’abord il ne changea rien, en commençant du moins, aux relations des bourgeois avec le gouvernement général du pays, avec ce que nous appelons aujourd’hui l’État ; ils n’y intervinrent pas plus qu’auparavant : tout demeura local, renfermé dans les limites du fief.

Une circonstance pourtant doit faire modifier cette assertion : un lien commença alors à s’établir entre les bourgeois et le roi. Tantôt les bourgeois avaient invoqué l’appui du roi contre leur seigneur, ou la garantie du roi, quand la charte était promise ou jurée. Tantôt les seigneurs avaient invoqué le jugement du roi, entre eux et les bourgeois. À la demande de l’une ou de l’autre des parties, par une multitude de causes différentes, la royauté était intervenue dans la querelle ; de là résulta une relation assez fréquente, quelquefois assez étroite, des bourgeois avec le roi. C’est par cette relation que la bourgeoisie s’est rapprochée du centre de l’État, qu’elle a commencé à avoir des rapports avec le gouvernement général.

Quoique tout demeurât local, il se créa pourtant, par l’affranchissement, une classe générale et nouvelle. Nulle