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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/248

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le spectacle de la civilisation européenne ; tel j’essaierai de vous le reproduire. C’est dans la seconde période que nous entrons aujourd’hui. Nous avons à y chercher les grandes crises, les causes déterminantes de la transformation sociale qui en a été le résultat.

Le premier grand événement qui se présente à nous, qui ouvre pour ainsi dire l’époque dont nous parlons, ce sont les croisades. Elles commencent à la fin du onzième siècle, et remplissent le douzième et le treizième. Grand événement à coup sûr, car depuis qu’il est consommé, il n’a cessé d’occuper les historiens philosophes ; tous, même avant de s’en rendre compte, ont pressenti qu’il y avait là une de ces influences qui changent la condition des peuples, et qu’il faut absolument étudier pour comprendre le cours général des faits.

Le premier caractère des croisades, c’est leur universalité ; l’Europe entière y a concouru ; elles ont été le premier événement européen. Avant les croisades, on n’avait jamais vu l’Europe s’émouvoir d’un même sentiment, agir dans une même cause ; il n’y avait pas d’Europe. Les croisades ont révélé l’Europe chrétienne. Les Français faisaient le fond de la première armée de croisés ; mais il y avait aussi des Allemands, des Italiens, des Espagnols, des Anglais. Suivez la seconde, la troisième croisade ; tous les peuples chrétiens s’y engagent. Rien de pareil ne s’était encore vu.

Ce n’est pas tout : de même que les croisades sont un événement européen, de même dans chaque pays elles sont un événement national : dans chaque pays,