Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces différences de races que le torrent des âges n’a pu totalement effacer ; différences qui expliquent, jusqu’à un certain point, nos sympathies comme nos préventions de cité ou de canton, et qui n’ont pas été sans pouvoir peut-être sur deux de nos révolutions : causes immédiates de divorce entre des provinces précédemment unies ; puisque telle catastrophe inopinée est souvent la conclusion d’un raisonnement dont la Providence a placé les prémisses neuf ou dix siècles en arrière ?

Nous suivrons d’après des probabilités et des conjectures, les émigrations des anciens Belges dans l’Asie mineure, la Grande-Bretagne et les Gaules.

Mais notre histoire positive commence : celui qui allait renverser la république romaine, devient le premier historien de quelques peuplades ignorées à Rome. Ces aigles qui laissent encore sur le monde la trace profonde de leurs serres, s’abattent sur nos forêts séculaires. Après une lutte prolongée où brille la prodigieuse valeur de nos ancêtres, le Capitole transplante dans la Belgique sa civilisation, ses coutumes, ses lois, et organise, en l’asservissant, cet esprit municipal qui plus tard se réveillera si fier et si terrible.

D’un autre côté, le latin en refoulant les idiomes celtique et teuton, prépare de loin la langue française. Ainsi de tous les langages le plus jaloux de la correction et de l’exactitude devait emprunter son origine à l’oubli des règles et à la corruption.

Près des bois où l’on offrait sur les autels de Thor et de Teutatès de sanglants sacrifices, dans les camps fortifiés, destinés à défendre les frontières de l’em-