Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/26

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pire et où l’on rendait un culte à la Victoire, la croix du Christ s’éleva un jour à côté des enseignes des légions et des images des Césars. L’établissement d’une croyance pour laquelle le Belge a prouvé tant d’amour et de soumission, fournira quelques pages attachantes.

Les temps approchaient où la croix serait le seul signe de ralliement au milieu du désordre et de l’anarchie. Mais avant que les Barbares assaillissent l’empire, les empereurs s’étaient eux-mêmes faits barbares, comme pour rendre la transition plus facile. Des bords du Rhin accoururent des hordes innombrables. D’abord elles se cantonnent dans la Belgique, où elles retrouvent, avec des descendants de leur race, un langage qui se rapproche du leur : ère durant laquelle l’élément germanique va prendre possession de la société. Cependant, si la barbarie s’était infiltrée dans l’empire longtemps avant qu’il tombât en poudre, les traditions impériales résistèrent à la barbarie et survécurent à la victoire.

La difficulté est de se restreindre, de ne point refaire l’histoire de France en traçant celle de la Belgique, et de choisir dans des événements communs ceux qui ont un rapport plus immédiat avec notre pays. Il sera curieux de montrer comment ce qui restait de Rome s’amalgama avec les institutions franques et se soumit les vainqueurs en bien des circonstances ; il ne sera pas moins instructif de rechercher pourquoi les tribus tudesques, confondues insensiblement dans la population gauloise en s’éloignant du Nord, ont retenu, parmi nous, leurs traits principaux.