Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/268

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du gouvernement et du public, c’est la royauté qui est le gouvernement.

Et il en est arrivé ainsi non seulement en France, où le fait est évident, mais dans la plupart des pays de l’Europe : un peu plus tôt ou un peu plus tard, sous des formes un peu différentes, l’histoire de la société en Angleterre, en Espagne, en Allemagne, nous offre le même résultat. En Angleterre, par exemple, c’est sous les Tudor que les anciens éléments particuliers et locaux de la société anglaise se dénaturent, se fondent, et cèdent la place au système des pouvoirs publics ; c’est aussi le moment de la plus grande influence de la royauté. Il en a été de même en Allemagne, en Espagne, dans tous les grands États européens.

Si nous sortons de l’Europe, si nous portons nos regards sur le reste du monde, nous serons frappés d’un fait analogue ; partout nous trouverons la royauté occupant une grande place, apparaissant comme l’institution peut-être la plus générale, la plus permanente, comme la plus difficile à prévenir là où elle n’existe pas encore, à extirper là où elle a existé. De temps immémorial elle possède l’Asie. À la découverte de l’Amérique, on y a trouvé tous les grands États, avec des combinaisons différentes, soumis au régime monarchique. Quand on pénètre dans l’intérieur de l’Afrique, là où se rencontrent des nations un peu étendues, c’est ce régime qui prévaut. Et non-seulement la royauté a pénétré partout, mais elle s’est accommodée aux situations les plus diverses, à la civilisation et à la barbarie, aux mœurs les plus pacifiques, en Chine, par exemple, et à celles où la