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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/270

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comme du corps dans l’histoire de l’homme. Le corps tient à coup sûr une grande place dans la vie de l’homme, cependant il n’en est point le principe. La vie y circule et n’en émane point. Tel est aussi le jeu des sociétés humaines : quelque rôle qu’y joue la force, ce n’est pas la force qui les gouverne, qui préside souverainement à leur destinée ; ce sont des idées, des influences morales qui se cachent sous les accidents de la force, et règlent le cours des sociétés. À coup sûr c’est une cause de ce genre, et non la force, qui a fait la fortune de la royauté.

Un second fait qui n’est guère moins important à remarquer, c’est la flexibilité de l’institution, sa faculté de se modifier, de s’adapter à une multitude de circonstances diverses. Remarquez le contraste : sa forme est unique, permanente, simple ; elle n’offre point cette variété prodigieuse de combinaisons qui se rencontre dans d’autres institutions ; et cependant elle s’approprie aux sociétés qui se ressemblent le moins. Il faut évidemment qu’elle admette une grande diversité, qu’elle se rattache, soit dans l’homme, soit dans la société, à beaucoup d’éléments et de principes différents.

C’est pour n’avoir pas considéré l’institution de la royauté dans toute son étendue ; pour n’avoir pas, d’une part, pénétré jusqu’à son principe propre et constant, à ce qui fait son essence et subsiste quelles que soient les circonstances auxquelles elle s’applique ; et de l’autre, pour n’avoir pas tenu compte de toutes les variations auxquelles elle se prête, de tous les principes avec lesquels elle peut entrer en alliance ; c’est, dis-je, pour n’avoir pas considéré la