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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/271

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royauté sous ce double et vaste point de vue, qu’on n’a pas toujours bien compris son rôle dans l’histoire du monde, qu’on s’est souvent trompé sur sa nature et ses effets.

C’est là le travail que je voudrais faire avec vous, et de manière à nous rendre un compte complet et précis des effets de cette institution dans l’Europe moderne, soit qu’ils aient découlé de son principe propre ou des modifications qu’elle a subies.

Nul doute, Messieurs, que la force de la royauté, cette puissance morale qui est son vrai principe, ne réside point dans la volonté propre, personnelle, de l’homme momentanément roi ; nul doute que les peuples, en l’acceptant comme institution, les philosophes en la soutenant comme système, n’ont point cru, n’ont point voulu accepter l’empire de la volonté d’un homme, essentiellement étroite, arbitraire, capricieuse, ignorante.

La royauté est tout autre chose que la volonté d’un homme, quoiqu’elle se présente sous cette forme. Elle est la personnification de la souveraineté de droit, de cette volonté essentiellement raisonnable, éclairée, juste, impartiale, étrangère et supérieure à toutes les volontés individuelles, et qui, à ce titre, a droit de les gouverner. Tel est le sens de la royauté dans l’esprit des peuples, tel est le motif de leur adhésion.

Est-il, vrai, Messieurs, qu’il y ait une souveraineté de droit, une volonté qui ait droit de gouverner les hommes ? Il est certain qu’ils y croient ; car ils cherchent, et ils ont constamment cherché, et ils ne peuvent pas ne pas chercher à se placer sous son empire. Concevez, je ne