Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/272

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dis pas un peuple, mais la moindre réunion d’hommes ; concevez-la soumise à un souverain qui ne le soit que de fait, à une force qui n’ait aucun droit que celui de la force, qui ne gouverne pas à titre de raison, de justice, de vérité ; à l’instant la nature humaine se révolte contre une telle supposition : il faut qu’elle croie au droit. C’est le souverain de droit qu’elle cherche, c’est le seul auquel l’homme consente à obéir. Qu’est-ce que l’histoire sinon la démonstration de ce fait universel ? Que sont la plupart des luttes qui travaillent la vie des peuples, sinon un ardent effort vers le souverain de droit, afin de se placer sous son empire ? Et non-seulement les peuples, mais les philosophes croient fermement à son existence, et le cherchent incessamment. Que sont tous les systèmes de philosophie politique, sinon la recherche du souverain de droit ? Que traitent-ils sinon la question de savoir qui a droit de gouverner la société ? Prenez les systèmes théocratique, monarchique, aristocratique, démocratique, tous se vantent d’avoir découvert en qui réside la souveraineté de droit ; tous promettent à la société de la placer sous la loi de son maître légitime. Je le répète, c’est là le but de tous les travaux des philosophes, comme de tous les efforts des nations.

Comment les uns et les autres ne croiraient-ils pas au souverain de droit ? Comment ne le chercheraient-ils pas constamment ? Prenez les suppositions les plus simples ; qu’il y ait un acte quelconque à accomplir, une action quelconque à exercer, soit sur la société dans son ensemble, soit sur quelques-uns de ses membres, soit sur un seul ; il y a toujours évidemment