Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/277

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qu’une continuelle décadence, une longue agonie ? La royauté seule a pu produire un tel effet ; seule elle pouvait contenir une société que l’égoïsme tendait sans cesse à détruire. Le pouvoir impérial a lutté pendant quinze siècles contre la ruine du monde romain.

Ainsi il y a des temps où la royauté peut seule retarder la dissolution de la société, des temps où elle peut seule accélérer sa formation. Et dans les deux cas, c’est parce qu’elle représente plus clairement, plus puissamment que toute autre forme le souverain de droit, qu’elle exerce sur les événements ce pouvoir.

Sous quelque point de vue que vous considériez l’institution, à quelque époque que vous la preniez, vous reconnaîtrez donc, Messieurs, que son caractère essentiel, son principe moral, son véritable sens, son sens intime, ce qui fait sa force, c’est, je le répète, d’être l’image, la personnification, l’interprète présumé de cette volonté unique, supérieure, essentiellement légitime, qui a seule droit de gouverner la société.

Considérons maintenant la royauté sous le second point de vue, c’est-à-dire dans sa flexibilité, dans la variété des rôles qu’elle a joués, et des effets qu’elle a produits ; il faut que nous en rendions raison, que nous en déterminions les causes.

Nous avons ici un avantage ; nous pouvons rentrer sur-le-champ dans l’histoire et dans notre histoire. Par un concours de circonstances singulières, il est arrivé que, dans l’Europe moderne, la royauté a revêtu tous les caractères sous lesquels elle s’était montrée dans l’histoire du monde. Si je puis me servir