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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/278

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d’une expression géométrique, la royauté européenne a été en quelque sorte la résultante de toutes les espèces de royauté possibles. Je vais parcourir son histoire du cinquième au douzième siècle ; vous verrez sous combien d’aspects divers elle se présente, et à quel point nous retrouvons partout ce caractère de variété, de complication, de lutte, qui appartient à toute la civilisation européenne.

Au cinquième siècle, au moment de la grande invasion des Germains, deux royautés sont en présence : la royauté barbare et la royauté impériale, celle de Clovis et celle de Constantin ; l’une et l’autre bien différentes de principes et d’effets.

La royauté barbare est essentiellement élective : les rois germains sont élus, quoique leur élection n’ait point lieu dans les formes auxquelles nous sommes habitués à attacher cette idée ; ce sont des chefs militaires tenus de faire accepter librement leur pouvoir par un grand nombre de compagnons qui leur obéissent comme aux plus braves, aux plus habiles. L’élection est la vraie source de la royauté barbare, son caractère primitif, essentiel.

Ce n’est pas que ce caractère, au cinquième siècle, ne soit déjà un peu modifié, que des éléments différents ne se soient introduits dans la royauté. Les diverses peuplades avaient leurs chefs depuis un certain temps ; des familles s’étaient élevées plus accréditées, plus considérables, plus riches que les autres. De là un commencement d’hérédité ; le chef n’était guère élu hors de ces familles. Premier principe différent qui vient s’associer au principe dominant de l’élection.