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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/280

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du peuple souverain ; il le disait sans cesse ; il disait : « Qui a été élu comme moi par dix-huit millions d’hommes ? qui est comme moi le représentant du peuple ? » Et quand sur ses monnaies on lisait d’un côté République française, de l’autre Napoléon, empereur, qu’était-ce donc sinon le fait que je décris, le peuple devenu roi ?

Tel était, Messieurs, le caractère fondamental de la royauté impériale ; elle l’a gardé pendant les trois premiers siècles de l’Empire : c’est même sous Dioclétien seulement qu’elle a pris sa forme définitive et complète. Elle était cependant alors sur le point de subir un grand changement : une nouvelle royauté était près de paraître. Le christianisme travaillait depuis trois siècles à introduire dans l’Empire l’élément religieux. Ce fut sous Constantin qu’il réussit, non à le faire prévaloir, mais à lui faire jouer un grand rôle. Ici la royauté se présente sous un tout autre aspect ; elle n’a point son origine sur la terre : le prince n’est pas le représentant de la souveraineté publique ; il est l’image de Dieu, son représentant, son délégué. Le pouvoir lui vient de haut en bas tandis que, dans la royauté impériale, le pouvoir avait monté de bas en haut. Ce sont deux situations toutes différentes, et qui ont des résultats tout différents. Les droits de la liberté, les garanties politiques sont difficiles à combiner avec le principe de la royauté religieuse ; mais le principe lui-même est élevé, moral, salutaire. Voici l’idée qu’on se formait du prince au septième siècle, dans le système de la royauté religieuse. Je la puise dans les canons du concile de Tolède. « Le roi est dit roi (rex) de ce qu’il gouverne justement (rectè).