Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/282

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côté d’elle, un pouvoir plus rapproché de Dieu, de la source dont la royauté émane, que la royauté elle-même ; c’est le clergé, le pouvoir ecclésiastique qui vient s’interposer entre Dieu et les rois, entre les rois et les peuples ; en sorte que la royauté, image de la Divinité, court la chance de tomber au rang d’instrument des interprètes humains de la volonté divine. Nouvelle cause de diversité dans les destinées et les effets de l’institution.

Voici donc quelles étaient, au cinquième siècle, les diverses royautés qui se manifestaient sur les ruines de l’Empire romain : la royauté barbare, la royauté impériale, et la royauté religieuse naissante. Leurs fortunes furent diverses comme leurs principes.

En France, sous la première race, la royauté barbare, prévaut ; il y a bien quelques tentatives du clergé pour lui imprimer le caractère impérial ou le caractère religieux, mais l’élection, dans la famille royale, avec quelque mélange d’hérédité et d’idées religieuses, demeure dominante.

En Italie, parmi les Ostrogoths, la royauté impériale dompte les coutumes barbares. Théodoric se porte le successeur des empereurs. Il suffit de lire Cassiodore pour reconnaître ce caractère de son gouvernement.

En Espagne la royauté paraît plus religieuse qu’ailleurs ; comme les conciles de Tolède sont, je ne dirai pas les maîtres, mais le pouvoir influent, le caractère religieux domine, sinon dans le gouvernement proprement dit des rois visigoths, du moins dans les lois que le clergé leur inspire, et le langage qu’il leur fait parler.