Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/292

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sont politiquement confondues dans la société générale, absorbées dans l’État, gouvernées par les pouvoirs, publics, soumises au même système, emportées dans le courant des mêmes idées, des mêmes mœurs. Je le répète, là même où la forme en subsiste encore, la séparation et l’indépendance des anciens éléments sociaux n’ont plus aucune réalité.

Cependant ces tentatives pour les coordonner sans les transformer, pour les rattacher à l’unité nationale sans abolir leur variété, ont tenu une grande place dans l’histoire de l’Europe ; elles ont rempli en partie l’époque dont nous nous occupons, cette époque qui sépare l’Europe primitive et l’Europe moderne, et dans laquelle s’est accomplie la métamorphose de la société européenne. Et non seulement elles y ont tenu une grande place, mais elles ont beaucoup influé sur les événements postérieurs, sur la manière dont s’est opérée la réduction de tous les éléments sociaux à deux, le gouvernement et le public. Il importe donc de s’en bien rendre compte, de bien connaître tous les essais d’organisation politique qui ont été tentés du douzième au seizième siècle, pour créer des nations et des gouvernements, sans détruire la diversité des sociétés secondaires placées les unes à côté des autres. Tel sera, Messieurs, notre travail dans cette leçon,

Travail pénible, douloureux même. Toutes ces tentatives d’organisation politique n’ont certainement pas été conçues et dirigées à bonne intention ; plusieurs n’ont eu que des vues d’égoïsme et de tyrannie. Plus d’une cependant a été pure, désintéressée ; plus d’une a eu vraiment pour objet le bien moral et social