Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/294

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

égarés, qui ont si cruellement échoué, et qui pourtant ont déployé de si grandes vertus, fait de si nobles efforts, mérité tant de gloire !

Les tentatives d’organisation politique, formées du douzième au seizième siècle, sont de deux sortes : les unes ont eu pour objet de faire prédominer l’un des éléments sociaux, tantôt le clergé, tantôt la noblesse féodale, tantôt les communes ; de lui subordonner tous les autres, et d’amener l’unité à ce prix. Les autres se sont proposé de faire accorder et agir ensemble toutes les sociétés particulières, en laissant à chacune sa liberté, et lui assurant sa part d’influence.

Les tentatives du premier genre sont, bien plus que les secondes, suspectes d’égoïsme et de tyrannie. Elles en ont été en effet plus souvent entachées ; elles sont même, par leur nature, essentiellement tyranniques dans leurs moyens d’exécution : quelques-unes cependant ont pu être et ont été en effet conçues dans des vues pures, pour le bien et le progrès de l’humanité.

La première qui se présente, c’est la tentative d’organisation théocratique, c’est-à-dire le dessein de soumettre les diverses sociétés aux principes et à l’empire de la société ecclésiastique.

Vous vous rappelez, Messieurs, ce que j’ai dit sur l’histoire de l’Église. J’ai essayé de montrer quels principes s’étaient développés dans son sein, quelle était la part de légitimité de chacun, comment ils étaient nés du cours naturel des événements, quels services ils avaient rendus, quel mal ils avaient fait. J’ai caractérisé les divers états par lesquels l’Église a