Aller au contenu

Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

foyer même de l’Église, autour de son trône, en Italie, la théocratie avait complètement échoué et fait place à un système bien différent, à cette tentative d’organisation démocratique dont les républiques italiennes sont le type, et qui a joué en Europe, du onzième au seizième siècle, un rôle si éclatant.

Vous vous rappelez, Messieurs, ce que j’ai déjà eu l’honneur de vous dire de l’histoire des communes et de la manière dont elles s’étaient formées. En Italie leur destinée avait été plus précoce et plus puissante que partout ailleurs ; les villes y étaient bien plus nombreuses, plus riches qu’en Gaule, en Angleterre, en Espagne ; le régime municipal romain y était resté bien plus vivant et plus régulier. Les campagnes de l’Italie d’ailleurs se prêtaient beaucoup moins que celles du reste de l’Europe à devenir l’habitation de ses nouveaux maîtres. Elles avaient été partout défrichées, desséchées, cultivées ; elles n’étaient point couvertes de forêts, les Barbares ne pouvaient s’y livrer aux grandes aventures de la chasse, ni y mener une vie analogue à celle de la Germanie. De plus une partie de ce territoire ne leur appartenait pas. Le midi de l’Italie, la campagne de Rome, Ravenne, continuaient à dépendre des empereurs grecs. À la faveur de l’éloignement du souverain et des vicissitudes de la guerre, le régime républicain s’affermit, se développa de bonne heure dans cette portion du pays. Et non seulement l’Italie n’était pas toute au pouvoir des Barbares, mais les Barbares mêmes qui la conquirent n’en demeurèrent pas tranquilles et définitifs possesseurs. Les Ostrogoths furent détruits et chassés par Bélisaire et par Narsès. Le royaume des