Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/303

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Lombards ne réussit pas mieux à s’établir. Les Francs le détruisirent ; et sans exterminer la population lombarde, Pepin et Charlemagne comprirent qu’il leur convenait de s’allier avec l’ancienne population italienne, pour lutter contre les Lombards si récemment vaincus. Les Barbares ne furent donc point, en Italie comme ailleurs, maîtres exclusifs et tranquilles du territoire et de la société. De là vint qu’il ne s’établit au-delà des Alpes qu’une féodalité très-faible, peu nombreuse, éparse. La prépondérance, au lieu de passer aux habitants des campagnes, comme il était arrivé en Gaule, par exemple, continua d’appartenir aux villes. Quand ce résultat vint à éclater, une grande partie des possesseurs de fiefs, soit de plein gré, soit par nécessité, cessèrent d’habiter la campagne, et vinrent se fixer dans l’intérieur des cités. Les nobles barbares se firent bourgeois. Vous concevez quelle force, quelle supériorité les villes d’Italie acquirent par ce seul fait sur les autres communes de l’Europe. Ce que nous avons remarqué dans celles-ci, c’est l’infériorité, la timidité de leur population. Les bourgeois nous ont apparu comme de courageux affranchis qui luttaient péniblement contre un maître toujours à leurs portes. Autre fut le sort des bourgeois d’Italie : la population conquérante et la population conquise se mêlèrent dans les mêmes murs ; les villes n’eurent point à se défendre d’un maître voisin ; leurs habitants étaient des citoyens de tous temps libres, la plupart du moins, qui défendaient leur indépendance et leurs droits contre des souverains éloignés, étrangers, tantôt contre les rois francs, tantôt contre les empereurs d’Allemagne. De