Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/304

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là cette immense et précoce supériorité des villes d’Italie : tandis qu’ailleurs de pauvres communes se formaient à grande peine, on vit naître ici des républiques, des États.

Ainsi s’explique, dans cette partie de l’Europe le succès de la tentative d’organisation républicaine. Elle dompta de bonne heure l’élément féodal, et devint la forme dominante de la société. Mais elle était peu propre à se répandre et à se perpétuer ; elle ne contenait que bien peu de germes d’amélioration, condition nécessaire de l’extension et de la durée.

Quand on regarde à l’histoire des républiques d’Italie du onzième au quinzième siècle, on est frappé de deux faits en apparence contradictoires et cependant incontestables. On assiste à un développement admirable de courage, d’activité, de génie ; une grande prospérité en résulte ; il y a là un mouvement et une liberté qui manquent au reste de l’Europe. Se demande-t-on quelle était la destinée réelle des habitants, comment se passait leur vie, quelle était leur part de bonheur ? l’aspect change ; aucune histoire peut-être n’est plus triste, plus sombre ; il n’y a peut-être pas d’époque, pas de pays où la destinée des hommes paraisse avoir été plus agitée, soumise à plus de chances déplorables, où l’on rencontre plus de dissensions, de crimes, de malheurs. Un autre fait éclate en même temps ; dans le régime politique de la plupart de ces républiques, la liberté va toujours diminuant. Le défaut de sécurité y est tel que les partis sont inévitablement poussés à chercher un refuge dans un système moins orageux, moins populaire que celui par lequel l’État a commencé. Prenez