Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/305

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l’histoire de Florence, de Venise, de Gênes, de Milan, de Pise ; vous verrez partout que le cours général des événements, au lieu de développer la liberté, d’élargir le cercle des institutions, tend à le resserrer, à concentrer le pouvoir dans les mains d’un plus petit nombre d’hommes. En un mot, dans ces républiques si énergiques, si brillantes, si riches, il manque deux choses, la sécurité de la vie, première condition de l’état social, et le progrès des institutions.

De là naissait un mal nouveau qui ne permettait pas à la tentative d’organisation républicaine de s’étendre. C’était du dehors, des souverains étrangers, que venait le plus grand danger de l’Italie. Eh bien, ce danger ne put jamais réussir à réconcilier, à faire agir de concert toutes ces républiques ; elles ne surent jamais résister en commun à l’ennemi commun. Aussi beaucoup des Italiens les plus éclairés, les meilleurs patriotes de notre temps, déplorent-ils le régime républicain de l’Italie au moyen-âge, comme la vraie cause qui l’a empêchée de devenir une nation ; elle s’est morcelée, disent-ils, en une multitude de petits peuples, trop peu maîtres de leurs passions pour se confédérer, et se constituer en corps d’État. Ils regrettent que leur patrie n’ait pas passé, comme le reste de l’Europe, par une centralisation despotique qui en aurait fait un peuple, et l’aurait rendue indépendante de l’étranger. Il semble donc que l’organisation républicaine, dans les circonstances même les plus favorables, ne contenait pas en elle-même, à cette époque, le principe du progrès, de la durée, de l’extension, qu’elle n’avait pas d’avenir. On peut