Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/307

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

également pris beaucoup de développement, d’importance, de richesse. Beaucoup de petits seigneurs féodaux s’étaient alliés avec les bourgeois ; une partie du clergé avait également embrassé leur cause ; en un mot, le pays se trouvait dans une situation assez analogue à celle de l’Italie. Aussi dans le courant du onzième siècle et au commencement du douzième, les villes de Provence, de Languedoc, d’Aquitaine, tendaient-elles à prendre un essor politique, à se former en républiques indépendantes, tout comme au-delà des Alpes. Mais le midi de la France était en contact avec une féodalité très forte, celle du nord. Arriva l’hérésie des Albigeois. La guerre éclata entre la France féodale et la France municipale. Vous savez l’histoire de la croisade contre les Albigeois, commandée par Simon de Montfort. Ce fut la lutte de la féodalité du nord contre la tentative d’organisation démocratique du midi. Malgré les efforts du patriotisme méridional, le nord l’emporta ; l’unité politique manquait au midi, et la civilisation n’y était pas assez avancée pour que les hommes sussent y suppléer par le concert. La tentative d’organisation républicaine fut vaincue, et la croisade rétablit dans le midi de la France le régime féodal.

Plus tard la tentative républicaine réussit mieux dans les montagnes de la Suisse. Là le théâtre était fort étroit ; il n’y avait à lutter que contre un souverain étranger, qui, bien que d’une force supérieure à celle des Suisses, n’était pas un des plus redoutables souverains de l’Europe. La lutte fut soutenue avec beaucoup de courage. La noblesse féodale suisse s’allia en grande partie avec les villes ; puissant secours,