Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/309

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les insurrections des paysans devenaient plus fréquentes, plus obstinées. Il se forma dans presque toute l’Europe, au sein de la noblesse féodale, une grande coalition contre les communes. La partie n’était pas égale ; les communes étaient isolées ; il n’y avait point d’intelligence, de correspondance entre elles ; tout était local. Il existait bien, entre les bourgeois des divers pays, une certaine sympathie ; les succès ou les revers des villes de Flandre en lutte avec les ducs de Bourgogne excitaient bien dans les villes françaises une vive émotion ; mais cette émotion était passagère et sans résultat ; aucun lien, aucune union véritable ne s’établissait, les communes ne se prêtaient point de force les unes aux autres. La féodalité avait donc sur elle d’immenses avantages. Cependant divisée et inconséquente elle-même, elle ne réussit point à les détruire. Quand la lutte eut duré un certain temps, quand on eut acquis la conviction qu’une victoire complète était impossible, il fallut bien consentir à reconnaître ces petites républiques bourgeoises, à traiter avec elles, à les recevoir comme des membres de l’État. Alors commença un nouvel ordre, une nouvelle tentative d’organisation politique, la tentative d’organisation mixte, qui avait pour objet de concilier, de faire vivre et agir ensemble, malgré leur hostilité profonde, tous les éléments de la société, la noblesse féodale, les communes, le clergé, les souverains. C’est de celle-là qu’il me reste à vous entretenir.

Il n’y a aucun de vous, Messieurs, qui ne sache ce que c’est que les États-Généraux en France, les Cortès en Espagne ou en Portugal, le Parlement en