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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/325

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la lutte si longue des chrétiens contre les Arabes. Alors aussi le territoire se centralise ; par le mariage de Ferdinand le Catholique et d’Isabelle, les deux principaux royaumes, la Castille et l’Aragon, s’unissent sous le même pouvoir. Comme en France la royauté s’étend et s’affermit ; des institutions plus dures, et qui portent des noms plus lugubres, lui servent d’appui : au lieu des parlements, c’est l’Inquisition qui prend naissance. Elle contenait en germe ce qu’elle est devenue ; mais elle ne l’était pas en commençant : elle fut d’abord plus politique que religieuse, et destinée à maintenir l’ordre plutôt qu’à défendre la foi. L’analogie va plus loin que les institutions ; on la retrouve jusque dans les personnes. Avec moins de finesse, de mouvement d’esprit, d’activité inquiète et tracassière, le caractère et le gouvernement de Ferdinand le Catholique ressemblent à celui de Louis XI. Je ne fais nul cas des rapprochements arbitraires, des parallèles de fantaisie ; mais ici l’analogie est profonde et empreinte dans les faits généraux comme dans les détails.

Elle se retrouve en Allemagne. C’est au milieu du quinzième siècle, en 1438, que la maison d’Autriche revient à l’empire, et qu’avec elle le pouvoir impérial acquiert une permanence qu’il n’avait jamais eue auparavant : l’élection ne fera guère désormais que consacrer l’hérédité. À la fin du quinzième siècle, Maximilien Ier fonde définitivement la prépondérance de sa maison, et l’exercice régulier de l’autorité centrale ; Charles VII avait, le premier en France, créé pour le maintien de l’ordre une milice permanente ; le premier aussi, Maximilien, dans ses États héréditaires,