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tune. Un Belge monte sur le trône d’Espagne, et déjà couvent les sourdes inimitiés qui, au seizième siècle, vont faire éclater ces révolutions, auxquelles en succéderont tant d’autres. Cependant les lumières se répandent, le commerce anoblit la roture et partout fermente l’esprit d’innovation. À des hommes qui avaient découvert des mondes inconnus, qui avaient trouvé le secret de centupler la destruction et d’éterniser la pensée, il ne fallait pas moins qu’un autre Dieu.

Charles-Quint travaille à constituer la monarchie. L’autorité souveraine se consolide aux dépens de quelques vieux priviléges ; mais en revanche, il y a plus de sécurité, plus de régularité dans les relations sociales. Pour arriver aux institutions uniformes, à la liberté générale des modernes, il était indispensable que les libertés inégalement réparties de la féodalité passassent par l’unité monarchique.

Philippe II poursuit sans ménagement le plan de son père. Il ne se contente pas d’opprimer, il fait pis, il blesse le caractère national. Le seizième siècle arrache à la domination espagnole la moitié des Pays-Bas.

Le ressentiment légitime des contemporains a trompé la postérité et lui a légué sur certaines renommées de cette époque des jugements empreints d’une évidente partialité. Bientôt, grâce aux travaux ordonnés par un homme d’état du premier ordre qui est en même temps un des écrivains dont s’honore la France[1], le cardinal de Granvelle sera mieux ap-

  1. M. Guizot.