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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/331

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il éluda, fit quelques tentatives de négociation, envoya quelques troupes en Allemagne, puis vint dire au parlement qu’il lui fallait 900,000 livres sterling pour soutenir la lutte avec quelque chance de succès. On ne dit point, et il ne paraît pas en effet que son calcul fût exagéré. Mais le parlement recula de surprise et d’effroi à la vue d’une telle charge, et il vota à grand’peine 70,000 livres sterling pour rétablir un prince et reconquérir un pays à trois cents lieues de l’Angleterre. Telles étaient l’ignorance et l’incapacité politique du public en pareille matière ; il agissait sans connaissance des faits et sans s’inquiéter d’aucune responsabilité. Il n’était donc point en état d’intervenir d’une manière régulière et efficace. C’est là la principale cause qui fit tomber alors les relations extérieures entre les mains du pouvoir central ; il était seul en état de les diriger, je ne dis point dans l’intérêt public, il s’en faut bien qu’il y ait toujours été consulté, mais avec quelque suite et quelque bon sens.

Vous le voyez, Messieurs, sous quelque point de vue que se présente à nous l’histoire politique de l’Europe à cette époque, soit que nos regards se portent sur l’état intérieur des pays, ou sur les relations des pays entre eux, soit que nous considérions l’administration de la guerre, de la justice, des impôts, partout nous trouvons le même caractère ; partout nous voyons la même tendance à la centralisation, à l’unité, à la formation et à la prépondérance des intérêts généraux, des pouvoirs publics. C’est là le travail caché du quinzième siècle, travail qui n’amène encore aucun résultat très apparent, aucune révolution