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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/350

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généraux de faits que nous n’avions pas étudiés de près et ensemble. Arrivés maintenant à une époque où cette entreprise est beaucoup plus difficile qu’à aucune autre, où les chances d’erreur sont plus grandes, j’ai cru devoir vous en avertir, et vous prémunir contre mon propre travail. Cela fait, je vais le poursuivre et tenter sur la Réforme ce que j’ai fait sur d’autres événements ; je vais essayer d’en reconnaître le fait dominant, d’en décrire le caractère général, de dire en un mot quels sont la place et le rôle de ce grand événement dans la civilisation européenne.

Vous vous rappelez où nous avons laissé l’Europe à la fin du quinzième siècle. Nous avons vu, dans son cours, deux grandes tentatives de révolution ou de réforme religieuse : une tentative de réforme légale par les conciles, une tentative de réforme révolutionnaire en Bohême par les Hussites ; nous les avons vues étouffées, échouant l’une et l’autre ; et cependant nous avons reconnu que l’événement était impossible à empêcher, qu’il devait se reproduire sous une forme ou sous une autre ; que ce que le quinzième siècle avait tenté, le seizième l’accomplirait inévitablement. Je ne raconterai en aucune façon les détails de la révolution religieuse du seizième siècle ; je les tiens pour connus à peu près de tout le monde ; je ne m’inquiète que de son influence générale sur les destinées de l’humanité

Quand on a cherché quelles causes avaient déterminé ce grand événement, les adversaires de la Réforme l’ont imputée à des accidents, à des malheurs dans le cours de la civilisation, à ce que, par