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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/353

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qu’ils n’avaient jamais été. Enfin était arrivé ce renouvellement, ce rajeunissement de l’esprit humain par la restauration de l’antiquité, dont je vous ai, dans notre dernière réunion, décrit la marche et les effets.

Toutes ces causes réunies imprimaient à la pensée, au commencement du seizième siècle, un mouvement très-énergique, un impérieux besoin de progrès.

La situation du gouvernement de l’esprit humain, du pouvoir spirituel, était tout autre ; il était tombé au contraire dans un état d’inertie, dans un état stationnaire. Le crédit politique de l’Église, de la cour de Rome, était fort diminué ; la société européenne ne lui appartenait plus ; elle avait passé sous la domination des gouvernements laïques. Cependant le pouvoir spirituel conservait toutes ses prétentions, tout son éclat, toute son importance extérieure. Il lui arrivait ce qui est arrivé plus d’une fois aux vieux gouvernements. La plupart des plaintes qu’on formait contre lui n’étaient presque plus fondées. Il n’est pas vrai qu’au seizième siècle la Cour de Rome fût très-tyrannique, il n’est pas vrai que les abus proprement dits y fussent plus nombreux, plus criants qu’ils n’avaient été dans d’autres temps. Jamais peut-être, au contraire, le gouvernement ecclésiastique n’avait été plus facile, plus tolérant, plus disposé à laisser aller toutes choses, pourvu qu’on ne le mît pas lui-même en question, pourvu qu’on lui reconnût à peu près, sauf à les laisser inactifs, les droits dont il avait joui jusque-là, qu’on lui assurât la même existence, qu’on lui payât les mêmes tributs. Il aurait