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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/359

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de ce qu’elles avaient voulu, où l’événement a été très inférieur à la pensée, les conséquences de la Réforme ont dépassé ses vues ; elle est plus grande comme événement que comme système ; ce qu’elle a fait, elle ne l’a pas complètement connu ; elle ne l’eût pas complètement avoué.

Quels reproches adressent constamment à la Réforme ses adversaires ? Lesquels de ses résultats lui jettent-ils en quelque sorte à la tête pour la réduire au silence ?

Deux principaux : la multiplicité des sectes, la licence prodigieuse des esprits, la destruction de toute autorité spirituelle, la dissolution de la société religieuse dans son ensemble ; 2º la tyrannie, la persécution. « Vous provoquez la licence, a-t-on dit aux réformateurs, vous la produisez ; et quand elle est là, vous voulez la contenir, la réprimer. Et comment la réprimez-vous ? Par les moyens les plus durs, les plus violents. Vous aussi vous persécutez l’hérésie, et en vertu d’une autorité illégitime. »

Parcourez, résumez toutes les grandes attaques dirigées contre la Réforme, en écartant les questions purement dogmatiques ; ce sont là les deux reproches fondamentaux auxquels elles se réduisent toujours.

Le parti réformé en était très embarrassé. Quand on lui imputait la multiplicité des sectes, au lieu de l’avouer, au lieu de soutenir la légitimité de leur libre développement, il anathématisait les sectes, il s’en désolait, il s’en excusait. Le taxait-on de persécution ? Il se défendait avec quelque embarras, il invoquait la nécessité ; il avait, disait-il, le droit de réprimer et de punir l’erreur, car il était en possession