Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/361

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chose manque, dans la plupart des pays réformés, à la bonne organisation de la société intellectuelle, à l’action régulière des opinions anciennes, générales. On n’a pas su concilier les droits et les besoins de la tradition avec ceux de la liberté ; et la cause en a été sans aucun doute dans cette circonstance que la Réforme n’a pleinement compris et accepté ni ses principes ni ses effets.

De là aussi pour elle un certain air d’inconséquence et d’esprit étroit qui souvent a donné prise et avantage sur elle à ses adversaires. Ceux-là savaient très bien ce qu’ils faisaient et ce qu’ils voulaient ; ceux-là remontaient aux principes de leur conduite et en avouaient toutes les conséquences. Il n’y a jamais eu de gouvernement plus conséquent, plus systématique que celui de l’Église romaine. En fait, la cour de Rome a beaucoup transigé, beaucoup cédé, bien plus que la Réforme ; en principe, elle a bien plus complètement adopté son propre système, tenu une conduite bien plus cohérente. C’est une grande force, Messieurs, que cette pleine connaissance de ce qu’on fait, de ce qu’on veut, cette adoption complète et rationnelle d’une doctrine et d’un dessein. La révolution religieuse du seizième siècle en a donné dans son cours un éclatant exemple. Personne n’ignore que la principale puissance instituée pour lutter contre elle a été l’ordre des Jésuites. Jetez un coup-d’œil sur leur histoire ; ils ont échoué partout ; partout où ils sont intervenus avec quelque étendue, ils ont porté malheur à la cause dont ils se sont mêlés. En Angleterre, ils ont perdu des rois ; en Espagne, des peuples. Le cours général