Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/371

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assez d’attention que le progrès de la division des terres anglaises au seizième siècle, par suite de la ruine de l’aristocratie féodale et de beaucoup d’autres causes qu’il serait trop long d’énumérer ici. Tous les documents nous montrent le nombre des propriétaires fonciers augmentant prodigieusement, et les terres passant en grande partie aux mains de la gentry, ou petite noblesse, et des bourgeois. La haute noblesse, la chambre des lords était, au commencement du dix-septième siècle, beaucoup moins riche que la chambre des communes. Il y avait donc à la fois grand développement de la richesse industrielle, et grande mutation dans la richesse foncière. Au milieu de ces deux faits en survenait un troisième, le mouvement nouveau des esprits. Le règne d’Elisabeth est peut-être l’époque de la plus grande activité littéraire et philosophique de l’Angleterre, l’époque des pensées fécondes et hardies ; les puritains poursuivaient sans hésiter toutes les conséquences d’une doctrine étroite, mais forte ; d’autres esprits moins moraux et plus libres, étrangers à tout principe, à tout système, accueillaient avec empressement toutes les idées qui promettaient quelque satisfaction à leur curiosité, quelque aliment à leur ardeur. Là où le mouvement de l’intelligence est un vif plaisir, la liberté sera bientôt un besoin, et elle passe promptement de la pensée publique dans l’État.

Il se manifestait bien sur le continent, dans quelques-uns des pays où la Réforme avait éclaté, un penchant du même genre, un certain besoin de liberté politique ; mais les moyens de succès manquaient à ce besoin nouveau ; il ne savait où se rattacher ; il