Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/372

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ne trouvait ni dans les institutions, ni dans les mœurs aucun point d’appui ; il demeurait vague, incertain, cherchant en vain comment s’y prendre pour se satisfaire. En Angleterre il en arriva tout autrement ; là l’esprit de liberté politique qui reparut au seizième siècle, à la suite de la Réforme, avait dans les anciennes institutions, dans l’état social tout entier, un point d’appui et des moyens d’action.

Il n’y a personne, Messieurs, qui ne connaisse la première origine des institutions libres de l’Angleterre ; personne qui ne sache comment en 1215 la coalition des grands barons arracha au roi Jean la grande Charte. Ce qu’on ne sait pas aussi généralement, c’est que la grande Charte fut, d’époque en époque, rappelée et confirmée par la plupart des rois. Il y en eut plus de trente confirmations entre le treizième et le seizième siècle. Et non seulement la Charte était confirmée, mais des statuts nouveaux étaient rendus pour la soutenir et la développer. Elle vécut donc, pour ainsi dire, sans lacune ni intervalle. En même temps la Chambre des communes s’était formée, et avait pris sa place dans les institutions souveraines du pays. C’est sous la race des Plantagenet qu’elle a vraiment poussé ses racines ; non qu’à cette époque elle ait joué dans l’État aucun grand rôle ; le gouvernement proprement dit ne lui appartenait pas, même par voie d’influence ; elle n’y intervenait que lorsqu’elle y était appelée par le roi, et presque toujours à regret, en hésitant, et comme craignant de s’engager et de se compromettre, plutôt que jalouse d’augmenter son pouvoir. Mais lorsqu’il s’agissait de défendre les droits privés, la fortune ou la maison des citoyens, les libertés individuelles