Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/374

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vue ; 2º des précédents, des exemples de liberté, fort mêlés, il est vrai, d’exemples et de précédents contraires, mais suffisants pour légitimer et soutenir les réclamations, pour appuyer, dans la lutte engagée contre l’arbitraire ou la tyrannie, les défenseurs de la liberté ; 3º des institutions spéciales et locales, fécondes en germes de liberté ; le jury, le droit de s’assembler, d’être armé, l’indépendance des administrations et des juridictions municipales ; 4º enfin le parlement et sa puissance, dont la royauté avait plus besoin que jamais, car elle avait dilapidé la plupart de ses revenus indépendants, domaines, droits féodaux, etc., et ne pouvait se dispenser, pour sa propre nourriture, de recourir au vote du pays.

L’état politique de l’Angleterre était donc, au seizième siècle, tout autre que celui du continent ; malgré la tyrannie des Tudor, malgré le triomphe systématique de la monarchie pure, il y avait cependant là, un ferme point d’appui, un sûr moyen d’action pour le nouvel esprit de liberté.

Deux besoins nationaux coïncidèrent donc à cette époque en Angleterre : d’une part, un besoin de révolution et de liberté religieuse au sein de la réforme déjà commencée ; de l’autre, un besoin de liberté politique au sein de la monarchie pure en progrès ; et ces deux besoins pouvaient invoquer, pour aller plus loin, ce qui avait déjà été fait dans l’une et l’autre voie. Ils s’allièrent. Le parti qui voulait poursuivre la réforme religieuse invoqua la liberté politique au secours de sa foi et de sa conscience, contre le roi et les évêques. Les amis de la liberté politique