Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/380

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qu’il la concevait. Ce n’était pas même une simple révolution de gouvernement, mais une révolution sociale qu’il voulait accomplir. Le parti dont je viens de parler tout à l’heure, le parti de la révolution politique, voulait introduire de grands changements dans les relations du parlement avec la couronne ; il voulait étendre le pouvoir des chambres, surtout des communes, leur donner la nomination aux grandes charges publiques, la direction suprême des affaires générales ; mais ses projets de réforme ne s’étendaient guère au-delà. Il n’avait aucune idée de changer, par exemple, le système électoral, le système judiciaire, le système administratif et municipal du pays. Le parti républicain méditait tous ces changements, en proclamait la nécessité, voulait, en un mot, réformer non-seulement les pouvoirs publics, mais les relations sociales et la distribution des droits privés.

Comme le précédent, ce parti se composait d’une portion religieuse et d’une portion politique. Dans la portion politique étaient les républicains proprement dits, les théoriciens, Ludlow, Harrington, Milton, etc. À côté d’eux se rangeaient les républicains de circonstance, d’intérêt, les principaux chefs de l’armée, Ireton, Cromwell, Lambert, plus ou moins sincères dans leur premier élan, mais bientôt dominés et conduits par des vues personnelles et les nécessités de leur situation. Autour d’eux se ralliaient le parti républicain religieux, toutes les sectes enthousiastes qui ne reconnaissaient d’autre pouvoir légitime que celui de Jésus-Christ, et qui, en attendant sa venue, voulaient le gouvernement de ses élus. À la suite du parti, enfin, un assez grand