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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/381

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nombre de libertins subalternes et de rêveurs fantastiques se promettaient, les uns la licence, les autres l’égalité des biens, ou le suffrage universel.

En 1653, Messieurs, après douze ans de lutte, tous ces partis avaient successivement paru et échoué ; ils devaient le croire du moins, et le public en était convaincu. Le parti légal, promptement dépassé, avait vu l’ancienne constitution, les anciennes lois dédaignées, foulées aux pieds, et les innovations pénétrant de toutes parts. Le parti de la révolution politique voyait les formes parlementaires périr dans le nouvel usage qu’il en avait voulu faire ; il voyait, après douze ans de domination, la chambre des communes réduite, par l’expulsion successive des royalistes et des presbytériens, à un très petit nombre de membres, méprisée, détestée du public, et incapable de gouverner. Le parti républicain semblait avoir mieux réussi. Il était en apparence resté le maître du terrain et du pouvoir ; la chambre des communes ne comptait plus guère que cinquante ou soixante membres, tous républicains. Ils pouvaient se croire et se dire les maîtres du pays. Mais le pays refusait absolument de s’en laisser gouverner ; ils ne pouvaient faire leur volonté nulle part ; ils n’avaient aucune action sur l’armée ni sur le peuple. Aucun lien, aucune sûreté sociale ne subsistait plus ; la justice n’était pas rendue, ou si elle l’était, ce n’était pas la justice ; elle ne s’administrait que dans des intérêts de passion, de fortune, de parti. Et non-seulement il n’y avait pas de sûreté dans les relations des hommes, il n’y en avait pas même sur les grandes routes : elles étaient couvertes de voleurs, de brigands ;